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Coprexma : un navire démonstrateur de solutions décarbonées pour l’Amour de la mer

Jan 23, 2024 / par admin / dans Actualités / Leave a comment

© Coprexma

[LU DANS MER & MARINE]

Fort d’une première expérience dans le projet Pilothy, consistant dans l’étude de faisabilité de conversion de son navire l’Anita Conti à l’hydrogène, Julien Le Brun a sollicité Coprexma pour la mise en œuvre d’un navire démonstrateur. L’armateur basé à Loctudy en sud Finistère, a fait l’acquisition d’un nouveau chalutier pour expérimenter des alternatives au gasoil. Pour porter et financer le projet, l’armateur répondra à un appel d’offres de la Région Bretagne attendu dans les prochaines semaines portant sur la conversion du navire dans une version hybride diesel-électrique.  Le navire devra à terme pouvoir être converti en propulsion hydrogène.

La dépendance aux énergies fossiles cause aujourd’hui une double peine à certains segments de la flotte de pêche française et européenne. D’une part, l’augmentation du coût de l’énergie et des carburants entame la rentabilité des armements de pêche et d’autre part, elles vont à l’encontre du verdissement attendu des navires. Cette situation représente une réelle menace sur la pérennité de certaines entreprises de pêche.  La transition vers une motorisation décarbonée implique le développement de solutions techniques innovantes plus ou moins matures et des évolutions réglementaires pour envisager un renouvellement complet des flottes. En attendant, certaines alternatives existent dont il faut éprouver l’efficacité. C’est ce qu’entreprennent l’armateur Julien Le Brun avec l’appui du bureau d’architecture et d’études navales Coprexma.

L’Amour de la mer (ex. Magali), un chalutier de 17,5 m va servir de plateforme technologique pour tester des solutions de propulsion et d’équipement hybrides électriques. L’enjeu pour l’armateur, qui compte déjà 9 navires en exploitation et emploie 36 marins, est de réduire l’empreinte carbone et sa dépendance au gazole en limitant la consommation de carburant. Ce projet STARTIJENN UP pour objectif de démontrer l’efficacité des solutions de décarbonation existantes et intégrables à bord aujourd’hui mais également l’intérêt de diversifier les métiers. Des entreprises de l’Interprofession Ouest Cornouaille s’impliquent dans cette démarche, avec  ceux de l’interprofession de Concarneau présents sur Pilothy.

 

Un retrofit de la production d’énergie 

Le navire sera doté de 2 groupes électrogènes Caterpillar scindables, fournissant la puissance pour alimenter le moteur électrique de propulsion, les moteurs électriques des apparaux de pêche, ainsi que la consommation du bord. Selon les besoins, la consommation sera optimisée par la mise en route d’un seul ou des deux groupes. Le mode 100% électrique pourra être utilisé pour une partie des opérations.

D’autre part, les treuils de pêche électriques permettront de récupérer l’énergie produite lors de la descente du chalut.  Un stabilisateur passif récupèrera également l’énergie produite par les mouvements de roulis. Elle sera stockée dans un parc de batteries qui pourra à son tour réinjecter de la puissance électrique sur le réseau quand tous les consommateurs seront en fonction.

Ce rétrofit, pour un investissement de l’ordre de 1 million d’euros, soit le 1/3 d’un navire neuf, doit permettre d’économiser 10% de carburant

 

Un nouveau modèle de pêche à inventer

De nouvelles méthodes de pêche vont aussi être expérimentées grâce à la plage arrière dégagée du navire. L’intégration d’arts dormants, comme les casiers ou les nasses à poissons, offrira plus de polyvalence et une meilleure adaptation à la saisonnalité, sans augmenter l’effort de pêche.

Il s’agit pour l’armateur d’inventer et de viabiliser un nouveau modèle d’exploitation pendant cette période de tests qui devrait durer de 6 mois à un an. Après avoir démontré la faisabilité et le modèle économique, l’armateur souhaite transmettre le navire à une école de pêche pour former la nouvelle génération (tout en conservant le PME)

 

H2 Ready mais pas tout de suite

Le souhait de la Région Bretagne comme celui des professionnels qui croient dans le développement de l’hydrogène serait que le navire soit ready H2.  Mais il y a encore du chemin à faire. L’intégration de nouveaux équipements, de batteries et à terme de piles à combustible implique notamment de lever le premier obstacle de la contrainte de jauge.

Dans le cadre du projet Pilothy, l’analyse des risques en cours a déjà mis en évidence la nécessité d’évolutions technologiques et normatives majeures difficiles à intégrer sur des navires de tailles modeste.  Il faut aujourd’hui faire évoluer la réglementation et accompagner financièrement les professionnels dans ce virage de la décarbonation.

 

Prendre aussi la mesure avec HYBA

En parallèle, Coprexma vient de démarrer le projet HYBA qui repose sur le dimensionnement d’une stratégie d’hybridation sur-mesure en fonction du profil d’exploitation du navire.  La première phase du projet consiste dans l’étude de faisabilité de l’adaptation du chalutier polyvalent Naoned de 23m de l’Armement lorientais APAK, travaillant essentiellement au chalut de fond.  L’acquisition de données, notamment de puissance, à travers la simulation d’embarquement de batteries et de solution d’IA, servira de base de modélisation. L’adaptation ultérieure aux différents navires et engins de pêche se fera grâce au « Machine Learning ».

Train de pêche du Naoned après sa transformation à la senne danoise (2017) – © Sea to sea

Dans le cas du Naoned, le moteur existant sera remplacé par un moteur plus petit, plus économe et plus efficient. Il sera optimisé par l’apport en énergie de batteries issues d’une technologie éprouvée dans le secteur automobile et adaptée aux usages maritimes. Cela implique la mise en place de nombreux capteurs et de nombreux paramètres à superviser.  Le projet, labellisé par le Pôle Mer Bretagne Atlantique et financé par France Filière Pêche associe 10 partenaires : le Comité régional des pêches (CRPMEM) de Bretagne, pilote du projet, Vectura System, Piriou, Masson Marine, Marinelec, Le Drezen, IMT Atlantique, l’Ecole navale, Coprexma et l’APAK.   La mission de COPREXMA consiste dans l’étude d’intégration des équipements.

Coprexma, référence en matière de décarbonation

Projet bac de la ville de Concarneau

Après une première barge ostréicole de 24 mètres conçue pour Cadoret et livrée en 2021, le bureau d’études est notamment partie-prenante dans la conception de la barge ostréicole Alexandre mise à l’eau cette semaine par le chantier Glehen et qui intègre un propulseur électrohydraulique, conçu sur mesure par hydro Armor.

Le Loti, navire école du lycée maritime Pierre-Loti à Paimpol (Côtes-d’Armor), un catamaran hybride de 12 mètres dont l’AMO est assurée par Coprexma, sera bientôt mis en service. Il est doté de deux moteurs électriques d’une puissance unitaire de 100 kW en continu et 130 kW en intermittent.

Optimisation de la carène, propulsion IMO Tier 3 avec système SCR, par de batteries… Conçu par Coprexma, le baliseur Finistère a fait ses preuves avec son mode zéro émission lui permettant de naviguer en zone sensible, dans le parc marin d’Iroise.

Le Bureau d’architecture navale breton s’est également vu confier par la Ville de Concarneau, l’assistance à maîtrise d’ouvrage (AMO) pour la construction d’un nouveau bac de 30 passagers ou plus. Eco-conçu pour répondre aux enjeux de transition énergétique, ce futur bac électrique sera notamment alimenté par des panneaux solaires, pour gagner en autonomie. Il devrait être mis en service à l’été 2025.

Navires hybrides, électriques, propulsion hydrogène…depuis des années, Coprexma déploie son expertise en solutions décarbonées dans de nombreux projets. Un savoir-faire que l’entreprise ira promouvoir et proposer aux armateurs à l’occasion du salon Euromaritime à Marseille du 30 janvier au 1er février prochains (stand Bretagne n°F12 ).

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