Accueil

La Sardane nouvelle entre en sennes…

Juin 25, 2020 / par admin / dans Actualités / Leave a comment

La Sardane a été remise à l’eau le 25 juin 2020

Avec son nom tiré du folklore catalan, c’est une tradition bretonne que perpétue la Sardane. Le bolincheur en bois de Jérémie Gourret, construit en 1977, vient de bénéficier d’une importante refonte et repart pour un nouveau tour de piste à la pêche à la sardine. L’armateur bigouden a confié les travaux au savoir-faire des entreprises locales, associant notre bureau d’architecture et d’études navales COPREXMA au Chantier naval Hénaff et à une dizaine d’entreprises d’Ouest Cornouaille.

Jérémie Gourret a acheté La Sardane en 2016. Une première acquisition guidée par la volonté de pratiquer la bolinche, métier de tradition familiale et pêcherie qui fait l’objet d’une gestion strictement encadrée afin de préserver la ressource. Seuls 27 navires sont autorisés par l’OP Les Pêcheurs de Bretagne et l’Association des Bolincheurs à pratiquer cette pêche saisonnière en Bretagne. Une pratique responsable dont le rythme laisse aussi la place à la vie de famille. Si le choix du bois n’a pas été déterminant au moment de l’achat de La Sardane et de ses droits de pêche, après 4 années d’exploitation, l’entretien du navire devenant trop compliqué, une refonte complète s’imposait ; un investissement raisonnable que le bois, premier matériau composite existant dans la nature, rend aisément réalisables et qui n’aurait pas permis la construction d’un navire neuf.

Jérémie Gourret s’est naturellement tourné vers COPREXMA qu’il considère comme « la référence dans la construction de bateaux de pêche. Une entreprise que je connais pour sa réputation et pour avoir suivi la refonte du Tximistari II, le bolincheur de mon père sur lequel j’ai fait mes armes et qui a été réalisée par les architectes. Et puis nous sommes voisins, c’est plus pratique, » explique l’armateur qui vit à Penmarc’h. COPREXMA a travaillé en collaboration avec le Chantier Naval Hénaff et le patron-armateur, également maître d’œuvre du chantier, a fait appel à des intervenants locaux habitués à travailler ensemble.

« Jérémie est venu trouver mon père en 2017 après avoir acheté navire et j’ai repris le projet en fin d’année dernière, » explique Pauline Hénaff Jézéquellou qui dirige le chantier familial depuis fin 2018. « Les travaux ont débuté en novembre 2019 alors que nous avions déjà rentré le chalutier Kervily II pour une refonte. C’est la première fois qu’on mène deux chantiers importants en parallèle. Nous avons donc sollicité la société Diougoant de Penmarch pour héberger le chantier. » Une trentaine d’intervenants ont été mobilisés pendant les huit mois de travaux que la crise de la Covid19 n’a pas ralenti. Les menuisiers et charpentiers du chantier mais aussi ceux de Saint-Guénolé et de Charpentiers de Cornouaille sont intervenus au cours des travaux. « C’est une façon de travailler habituelle pour nos entreprises ; nous nous connaissons tous et sommes très solidaires, » explique Pauline.

Le plus gros du chantier a consisté dans la rehausse du pavois et du tableau arrière pour la senne et dans la création d’une passerelle afin d’améliorer le confort à bord. « C’est notre métier », déclare Yves Le Perron, l’un des architectes navals de COPREXMA.  La réfection de la Sardane a permis de moderniser et d’optimiser le navire en apportant des améliorations qui répondent mieux à ses contraintes d’exploitation. Le chantier a procédé́ au remplacement de la partie haute de l’étrave, à la modernisation de la cale et au remplacement du pont de travail. La nouvelle passerelle améliore la visibilité sur la zone de travail. La bolinche requiert en effet de nombreux gréements et il y beaucoup de monde sur le pont pour les manœuvres. La modernisation permet d’apporter la sécurité, le confort et la stabilité que l’on trouve dans la conception des navires actuels. La passerelle intègre également un coin repas pour permettre un peu de repos à l’équipage qui sort à la journée mais travaille la nuit. Les capacités sont identiques mais deux petites cuves ont remplacé les anciennes pour gagner en poids et en volume sans modifier à la carène. L’armateur a également installé un Triplex qui permet d’enrouler et de ranger plus facilement les sennes à bord.

Pendant les travaux, Jérémie Gourret a acheté un autre bolincheur en bois à Quiberon, le Kanedevenn, avec lequel il a pu démarrer la saison. Il va désormais le transmettre à son frère cadet, âgé de 23 ans. « Lui aussi a été formé avec mon père qui a cédé ses parts à un autre jeune. La transmission aussi c’est une culture familiale ! D’ailleurs nous accueillerons un jeune apprenti du lycée public maritime du Guilvinec à bord de La Sardane, dès le mois d’août en pleine saison de la sardine, » indique l’armateur. La Sardane pêche environ 1 000 tonnes à l’année, dont la moitié est vendue aux conserveries et l’autre aux mareyeurs pour alimenter le marché local.  Cette refonte va permettre à l’équipage de travailler dans de meilleures conditions et contribuera à améliorer la qualité des captures. La Sardane a été mise à l’eau le 25 juin. COPREXMA réalisera les expériences de stabilité dans les prochains jours et après quelques finitions et ses essais en mer, le bolincheur entrera en exploitation mi-juillet.

COPREXMA poursuit sa collaboration avec le Chantier Naval Hénaff pour les travaux du Kervily II. « C’est le principall architecte avec qui nous travaillons, explique la dirigeante. COPREXMA a réalisé les plans de la plupart de nos bateaux, ils connaissent nos procédés, c’est d’une simplicité et d’une efficacité inégalable. Yves Le Perron a une grande expérience de la construction bois qui reste inégalée selon moi. Des refontes comme celles de La Sardane ou du Kervily II montrent que le bois est un matériau pérenne. C’est un investissement à long terme pour un jeune armateur qui pourra faire toute sa carrière avec son bateau. Le plus vieux navire réalisé au chantier est encore en activité. Il a été construit par mon grand-père en 1961 et a encore de belles années devant lui après sa refonte en 2004. Depuis nous en avons refité 25 autres. »

« Le bois est un matériau naturel facile à réparer, ce qui permet de prolonger la vie d’un navire. Une refonte évite la casse et permet de réduire les déchets et l’impact sur l’environnement.  Nous faisons aussi perdurer un savoir-faire local, ce qui me fait dire que les navires en bois sont incontestablement un atout pour une construction navale durable, » conclue Yves Le Perron.

 

Retour