Mar 5, 2021 / par admin / dans Actualités, Réalisations / Leave a comment
Yann Le Cornec, 43 ans, pêche la coquille Saint-Jacques en baie de Saint-Brieuc en équipage et en famille. Il vient de faire construire son premier bateau neuf au chantier PLASTI PÊCHE, sur un design de COPREXMA. Carène optimisée, polyvalence, sécurité et confort sont au rendez-vous de ce chalutier-coquillier de 12,95 m conçu sur-mesure et mis à l’eau vendredi 26 février à l’Aiguillon-sur-Mer. Avec ce navire unique « cousu mer », l’armateur pourra continuer à pratiquer son métier dans les meilleures conditions et offrir l’opportunité à d’autres de prendre la relève. C’est Chrystel Bec, l’épouse de l’armateur qui est la marraine (et Sea-reine) du navire.
Un navire plein d’avenir
« Le Bel Horizon 2, explique Yann Le Cornec, c’est le bateau de ma fin de carrière ; Je souhaite un navire au top, me permettant de développer l’activité, me projeter pour les 15 ans à venir et transmettre ensuite un outil de travail performant. J’ai exploité pendant 7 ans mon premier bateau, un coquillard de 10 mètres en polyester racheté en 2001 à mon patron de l’époque que j’ai revendu 7 ans plus tard. Avec la crise du gasoil, j’ai attendu quelques années et j’ai finalement décidé de me lancer dans l’acquisition du Bel Horizon (construit en 1989), chalutier-coquillier et fileyeur également polyester. J’ai fait énormément de travaux de transformation pour le mettre à mon gout et au bout de 12 ans, après avoir remplacé le moteur et fait l’entretien nécessaire, je viens de le vendre à un patron de Saint-Vaast La Hougue dont le navire avait coulé l’an dernier. Nous sommes vraiment ravis qu’il soit parti entre de bonnes mains. Cela m’a permis d’assurer une partie de la saison de la coquille et d’avoir un apport financer pour l’acquisition du bateau neuf. L’armement Bel Horizon exploite par ailleurs un petit ligneur pour le bar et lieu et dispose aussi d’un quota de thon rouge. Nous avons également développé en 2005, le premier site en France de vente directe, avec le soutien de notre neveu David Edom que je vais former cette année au métier. Sans ma famille et en particulier ma femme Chrystel Bec, je n’aurais rien fait de tout cela. Elle m’épaule au quotidien, tout en gérant son auto-école et elle m’accompagne aussi en mer. Comme le bateau sort tous les jours, c’est aussi l’occasion de passer des moments en famille. D’ailleurs Chrystel et moi allons enfin faire notre voyage de noces en ramenant le bateau à Saint-Quay. »
Yann Le Cornec a choisi le chantier PLASTI PÊCHE car, explique-t-il, il avait « la garantie de faire un bateau 100% sur-mesure. Les chantiers spécialises du composite ne sont pas si nombreux et c’est une souplesse que Dominique Mandin est le seul à permettre. Chrystel et lui ont passé des heures au téléphone notamment et ses propositions originales et son professionnalisme remarquable nous ont convaincu de travailler ensemble. Il sait par ailleurs s’entourer de partenaires tout aussi à l’écoute et spécialisés comme peut l’être COPREXMA. Le chantier a aussi les compétences dans tous les corps de métiers, ce qui me permet d’avoir un navire clé en main et un seul interlocuteur. » « Ce navire magnifique n’aurait pu voir le jour sans le travail d’équipe remarquable que nous avons réalisé avec mon neveu David, Dominique, son second Thomas et Laurent au bureau d’architecture navale, » ajoute Chrystel Bec.
Du sur-mesure dans les règles
« A l’image du Bel Horizon, explique Laurent Lelarge, architecte chez COPREXMA, la plupart des navires de pêche que nous concevons aujourd’hui sont polyvalents. Ils doivent s’adapter à différents métiers en fonction de la ressource, des zones de pêche, du marché et des évolutions réglementaires, mais aussi pour être facilement revendus quand vient l’heure de la retraite. Les différentes exploitations, comme par exemple les arts dormants (filets, casiers) ou bien le chalutage pélagique, n’ont pas du tout les mêmes contraintes de masses et d’efforts. Il faut donc, lors de la conception, bien penser à l’intégration des équipements en fonction des espèces ciblées, et aussi réfléchir à la carène et la répartition des différents volumes »
L’armateur a souhaité 4 enrouleurs afin de disposer de plusieurs chaluts pour réduire au minimum les manutentions de matériel et pouvoir changer de métier en mer sans contrainte pour l’équipage et en toute sécurité. Le Bel Horizon 2 est équipé de chaque côté pour travailler la coquille bretonne dans la zone de Saint-Brieuc et dispose de deux dragues à roulette de sept paniers à l’arrière pour pêcher dans d’autres zones. Il pourra même aller jusqu’en en baie de Seine et, si besoin, pêcher au casier et au filet.
« Dans tous ces cas, explique Laurent Lelarge, nous devons nous assurer que le navire respecte tous les critères de stabilité exigés. Même si certains cas sont peu réalistes (10% de Gasoil, cale vide, une pontée importante à chaque cas) … une avarie ou une situation extrême peut se produire. C’est difficile de respecter tous ces critères surtout lorsque l’on veut beaucoup de matériel à bord. Pour le Bel Horizon 2, nous avons réussi l’exploit d’installer une grue sur le pont supérieur ! Les équipements de pêche c’est du poids en hauteur et le centre de gravité global du navire doit être le plus bas possible : l’enjeu c’est de bien répartir les volumes pour préserver la stabilité du navire. Nous étudions donc aussi des cas de chargements réels afin que le navire conserve des assiettes raisonnables quelle que soit l’exploitation, et ainsi permettre au patron d’adapter son activité en toute sécurité »
Une carène optimisée
Le chantier a réalisé la coque du Bel Horizon 2 d’après une base de moule existante à laquelle de nombreuses modifications ont été apportées : arrière élargi, étrave sur-mesure avec les formes souhaitée selon les plans de COPREXMA. La coque est adaptée aux différentes contraintes (respect de la jauge et stabilité) et pour gagner en volume de pont à l’avant et en surface de flottaison, COPREXMA a travaillé cette étrave originale en forme de S qu’a imaginé le chantier. Le polyester permet plus de souplesse dans les formes de coque et les bateaux de PLASTI PÊCHE sont extrêmement solides. Le chantier apporte un soin très particulier sur la résistance.
« Le polyester est plus difficile à modifier ou à réparer, fait remarquer Laurent. L’implantation des équipements est complexe et nécessite une réflexion structurelle bien en amont pour apporter les renforts là où c’est nécessaire, dès la conception. Mais de façon globale, le polyester reste plus léger aussi pour les superstructures. C’est donc moins de poids en hauteur et plus de liberté de conception tant pour la coque que pour les aménagements. Nous avons beaucoup échangé avec l’armateur et le chantier. Je suis allé à Saint-Quay à bord du Bel Horizon, pour bien observer les pratiques du bord, voir les éléments à améliorer ou à conserver, prendre des mesures pour que le nouveau navire soit ajusté au millimètre, selon les besoins du client. La modélisation 3D a permis aussi à l’armateur de mieux visualiser les volumes et de se projeter à bord de son futur navire. »
« Nous basons la conception au plus près des conditions d’exploitation de l’armateur pour en déduire le volume de coque nécessaire. Il doit pouvoir travailler avec deux marins, alors nous avons favorisé l’emplacement des apparaux hydrauliques. Il y a quatre enrouleurs et trois treuils positionnés derrière la timonerie pour un visu sur les funes et les chaluts depuis le poste de contrôle, » détaille Dominique Mandin, directeur de PLASTI PÊCHE.
Coquillier 4.0
« L’accès timonerie-cuisine et timonerie-espaces de repos est privilégié pour faciliter la communication entre les marins, précise-t-il. La passerelle vitrée à 360° offre une meilleure visibilité et l’armateur a fait le choix d’une redondance des équipements électroniques pour rester pleinement opérationnel, même en cas de panne d’un appareil. Le navire possède une cuisine toute équipée et un poste d’équipage avec quatre bannettes à l’avant sous pont et une cabine patron dans l’entrepont sous timonerie, une performance de COPREXMA qui répond aux exigences réglementaires des navires de plus de 12 mètres. Plus de bannettes cela permet aussi de les affecter à chaque marin de l’entreprise. »
« J’ai un peu forcé sur les équipements, avoue l’armateur, pour avoir le meilleur de la technologie. Mais c’est d’abord pour de meilleures conditions de travail, de confort et plus de place sur le pont… J’aurais même souhaité une rampe, un tapis de travail à l’arrière, mais ce n’est pas possible sur un 13 m polyvalent. Le navire est équipé d’une porte latérale en deux morceaux pour livrer à l’ascenseur sans avoir à passer sur la lisse. Monsieur Mandin a proposé cette solution pour ma femme. Une grue Inox sur le pont couvert permet de débarquer partout de façon autonome. Nous disposons d’un WC et d’une vraie douche ; parfois on reste la semaine à bord lorsqu’on pêche en baie de Seine et de Granville. Le navire est classé en seconde catégorie avec groupe de secours et BLU pour avoir plus de sécurité et pêcher plus loin. »
Le Bel Horizon 2 est équipé d’un moteur John Deere de 183 kW, pour rester dans la limite réglementaire de la licence de pêche à la coquille dans la baie de Saint-Brieuc. Il entraine une grosse hélice de 1,85m de diamètre. La consommation devrait être proportionnément inférieure au bateau précédent. Un propulseur d’étrave facilitera les manœuvres au port. Les réservoirs ont une capacité de 8 000 litres de carburant et 1 000 litres d’eau douce non potable. La cale aménagée permettra de glacer 150 bacs de captures. Yann et son équipage gréent eux-mêmes leurs chaluts Naberan.
Le navire rejoindra le port de Saint-Quay fin mars pour ses premières marées. Et pour respecter une tradition propre à la voile ; pratique chère à leur cœur, les armateurs ont glissé 3 pièces dans la coque pour leur porter bonheur !