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Une seconde vie pour le langoustier bigouden

Mar 22, 2021 / par admin / dans Actualités, Réalisations / Commentaires fermés sur Une seconde vie pour le langoustier bigouden

Après une refonte hors normes réalisée au Chantier Naval Henaff en 2020, Les Antilles repart pour une seconde vie à la pêche à la langoustine. L’enjeu était, à partir d’un vieux langoustinier en bois de 40 ans, de concevoir une unité répondant aux normes actuelles, semblable aux navires plus récents de l’armement et adapté à son exploitation. Défi relevé par COPREXMA et le chantier naval qui permettent à l’armateur bigouden Julien Le Brun d’exploiter une flotte parfaitement homogène.

Redonner vie à l’ancien navire

Le projet a pris deux ans et demi.  Avant son départ en retraite, l’armateur José Palud a mandaté Julien Le Brun pour l’acquisition et la maîtrise d’œuvre de la refonte du Kervilly sur lequel il a transféré les quotas de son ancien chalutier, le Porz Streilhen. Julien Le Brun a racheté le Kervilly 2 refité, aujourd’hui rebaptisé Les Antilles.

La demande de l’armateur était de disposer d’un navire avec une durée de vie proche du neuf. Cette grosse refonte, en particulier sur un navire en bois, reste beaucoup plus avantageuse économiquement qu’une construction neuve. « On aurait pu choisir cette option, explique Julien, mais malgré une main d’œuvre importante et nécessaire pour la refonte, le coût reste environ 15% inférieur à une construction neuve en acier. Et je souhaitais un bateau similaire au Lagon1 auquel je suis attaché. »  

 C’est aussi l’occasion de redonner vie à un navire qui était resté désarmé pendant plusieurs années et un moyen de réduire l’impact environnemental en recyclant le matériau. « Plutôt que de le laisser partir à la casse, » cette démarche permet de remettre en activité un langoustinier en bois construit au Guilvinec par le chantier Henaff en 1983.

Le navire au chantier Hénaff en septembre 2020 – Photo Gaël Cogné

Faire mieux avec de l’ancien

COPREXMA connait toutes les contraintes techniques, d’exploitation, réglementaires des navires professionnels et a une longue expérience dans la construction bois, connaissance rare au sein des bureaux d’études navales. COPREXMA maîtrise parfaitement les caractéristiques et les possibilités qu’offrent ce matériau noble pour répondre aux enjeux économiques, environnementaux et sociétaux de la pêche.

Yves Le Perron, l’un des architectes de COPREXMA spécialiste du bois explique que « le défi a véritablement consisté à trouver un juste équilibre entre les besoins de l’armateur et les diverses contraintes permettant de faire mieux avec de l’ancien. Ici seule la pièce axiale a été conservée. Tout le reste a été repensé. Une refonte profonde cela signifie qu’il faut rester dans les contraintes de jauge et de réglementation du navire existant, tout en répondant aux normes actuelles de sécurité, de confort et d’organisation du travail. Et cela, même si le navire a été construit il y a plus de 40 ans ! »

COPREXMA a réalisé l’architecture les études et a modifié la carène pour améliorer les performances et la stabilité du navire. Les Antilles a été raccourci de 1,30 m pour s’accorder à la flotte de l’armement et s’inspirer des plans du Lagon, tout en respectant les nouvelles normes de stabilité. « Si la refonte ne laisse pas la place à l’innovation, explique Yves Le Perron, on peut améliorer la conception : allongement de la longueur de flottaison, amélioration du confort à bord, des conditions de travail, du traitement et de la conservation des captures … »

Le chalutier langoustinier de 14,90 m de long et 5,50 m de large, dont les travaux de refonte auront duré un an et demi, est un navire simple et raisonnable qui permet à l’armateur d’avoir une flottille homogène. Bien qu’affecté à un seul navire, l’équipage peut si besoin permuter. Cela permet également d’optimiser la maintenance avec des équipements similaires et un stock de pièces adaptables aux différents navires.

Un navire adapté à la ressource…

L’armement de Julien Le Brun compte aujourd’hui 6 navires en activité – dont 5 dont il est propriétaire à 100% – et emploie 24 marins et 2 personnes à terre.  « Les Antilles est avant tout un navire adapté à nos aux capacités de pêche. » Il pratique le chalut jumeau ou simple et cible langoustines et poissons entre Ouessant et Belle-Île.  « On n’a pas la mine d’or devant chez nous pour faire des navires complexes ; l’équipement est simple et adapté au métier : trois enrouleurs, deux treuils et un moteur qui consomme raisonnablement. »

« Les banques ont du recul sur les navires neufs que nous exploitons et savent que l’investissement doit être raisonnable. Nous sommes contraints par notre activité et c’est d’autant plus difficile à rembourser qu’aucune subvention n’est accordée dans le contexte de rachat du bateau refité. Les gars vont en mer, ils pêchent, les cours sont corrects. L’activité n’a pas été trop impactée par la crise sanitaire et nous gardons confiance en l’avenir. Nous espérons que la langoustine sera au rendez-vous. »

« Avec la SAS Startijenn, nous étudions d’autres opportunités, comme nous avons pu le faire pour Le Bora Bora2.  Mais il faudrait 10 à 15% de chiffre d’affaires en plus pour réinvestir. Même si c’est compliqué, il faut essayer de garder les navires ici et éviter qu’ils partent à l’étranger. Au Guilvinec, une douzaine de bateaux sont à vendre depuis un an. Alors si 2 ou 3 patrons investissent, nous en serons heureux. » conclue Julien.

Le navire le jour de sa mise à l’eau en novmbre 2020 – Photo Coprexma

Le navire le jour de sa mise à l’eau en novmbre 2020 – Photo Coprexma

Photo Julien Le Brun

 

1 Troisième navire de l’armement de Julien Le Brun, Le Lagon est un chalutier de 15 mètres construit au chantier Henaff en 2013. 

2 Sixième bateau de l’Armement Julien Le Brun, le Bora Bora (ancien Chronos) a été acheté en 2020 par la société Startijenn dont Julien Le Brun est actionnaire majoritaire et qui associe plusieurs acteurs du maritime et de l’Interprofession Portuaire Ouest Cornouaille.

Lu sur Mer et Marine

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